Des espaces à partager

Des aménagements plus inclusifs, favorisant le vivre-ensemble

En dehors de La Ramée, c’est le plus souvent au cœur de la trame verte et bleue de Tournefeuille que les espaces de partages  sont les plus nombreux.

Nous notons par exemple un réel manque d’investissement pour certains publics, notamment dans les city stade. En effet, en plus d’être très investis par les collégiens et lycéens, ils sont majoritairement utilisés par des garçons, adolescents, ces espaces ne sont donc pas ou peu utilisés par de jeunes filles ou adolescentes. il conviendrait donc de mettre en place diverses animations ou activités visant à mettre en valeur la mixité et les pratiques sportives féminines.

En outre, un directeur d’association sportive fait remarquer : “On voit pas mal de grands parents autour des zones d’activités sportives pour les jeunes… effectivement il y a peut être quelque chose à réfléchir, lorsque les grands parents attendent leurs petits enfants, alors qu’ils font du skate ou autre, ou un autre sport, qu’ils puissent eux aussi avoir une activité”. En effet, lors de nos observations, nous avons pu remarquer à deux reprises des personnes âgées attendre debout à proximité des stades, situés sur l’Allée de sports, mais aussi au niveau de l’impasse du château. Les espaces à aménager pourraient par exemple se situer dans ces rues. Ainsi, la question de l’intergénérationnalité et donc de l’inclusivité et du partage des espaces sont des aspects à prendre en considération dans les aménagements, en ce qui concerne le mobilier urbain, mais également le mobilier sportif.

Nous évoquions précédemment l’accessibilité à vélo dans les écoles, mais il faut également s’intéresser aux aménagements effectués pour l’adaptation aux jeunes publics, notamment aux enfants en bas âge. Reprenons le même exemple : l’école du Château. Celle-ci possède des trottoirs à l’entrée, mais ces derniers ne disposent pas de bateau, l’accès est donc difficile pour certains jeunes enfants, les personnes avec poussettes… Cette marche que constitue le trottoir peut également être un obstacle aux personnes à mobilité réduite et aux personnes avec des poussettes  voulant se déplacer sur le trottoir. De plus, dans cette impasse, des dispositifs relatifs au plan vigipirate réduisent les possibilités de déplacements.

Par ailleurs, les commerces situés sur le boulevard Vincent Auriol dans l’hyper centre commercial ne sont pas non plus suffisamment inclusifs et accessibles à tous. Il manque en effet un grand nombre de pentes PMR aux entrées des boutiques. On observe de nombreuses ruptures entre les matériaux employés au sol, des trottoirs à franchir un peu partout.  C’est d’autant plus dommageable qu’il s’agit là du centre ancien proposant une large offre de services publics et privés, d’équipements et de commerces et très fréquenté par les tournefeuillais. L’inclusivité et l’accessibilité à tous doivent donc être davantage prises en compte dans ces espaces.

Les personnes à mobilité réduite sont confrontées à des problématiques plus larges lorsqu’il s’agit d’activités physiques et sportives. Évidemment, pour que leurs pratiques soient facilitées, il faut aménager l’espace pour que les personnes en fauteuil, en déambulateur et même les personnes avec des poussettes puissent circuler aisément. Le revêtement au sol est très important, comme l’un des acteurs interrogés nous le précise : « vous voyez très peu de fauteuils roulants faire le tour de la Ramée ou faire de grands tours, tout simplement parce que c’est compliqué ». De la même manière, une personne à mobilité réduite ou âgée ne peut pas, ou difficilement, faire le tour complet du lac de l’Oustalet, situé dans le quartier des Quéfets. Bien qu’il existe un chemin aménagé, les berges du lac ne sont pas accessibles à tous car ce sont des chemins de terre inclinés vers le lac. Aussi, des obstacles plus difficiles à identifier, pour les personnes malvoyantes notamment, tels que les branches d’un arbre dépassant sur le trottoir, peuvent limiter les déplacements et activités physiques quotidiennes.

Certains reconnaissent que Tournefeuille manque d’endroits praticables pour tous, manque aussi d’aménagements et d’équipements adaptés à la pratique handi par exemple. Ces pratiques, toutes différentes selon les usagers, nécessitent des équipements nombreux et inclusifs pour que tout le monde puisse avoir le choix en termes d’activités physiques et sportives.

Il y a ainsi un questionnement autour de l’insuffisante prise en compte de la dimension intergénérationnelle des espaces publics et de certains équipements. Or, si l’on souhaite initier des dynamiques de partage, dont on sait qu’elles revêtent une dimension majeure pour le vivre ensemble, il faut que les espaces publics, quels qu’ils soient, soient les plus inclusifs possible.

Or, nous le savons puisque la question a déjà été traitée dans une partie précédente, le potentiel de la commune a l’endroit des espaces de partage est notable.

Ces espaces sont multiples, on pense par exemple à l’espace derrière le collège Labitrie, où on trouve notamment des activités de glisse urbaine (skate-board) et où le projet d’îlot de fraîcheur est en cours. Un acteur d’une structure associative dit par exemple que c’est «un espace qui peut être propice à la cohésion sociale. C’est un espace ouvert en permanence qui dispose de différents équipements (Basket, hand, athlétisme, skate-park…) », donc un espace déjà riche en aménités et en équipements et donc porteur de potentiel pour des activités autres.

Ce lieu et son skate-park semblent assez emblématiques et importants pour les différents acteurs de Tournefeuille, une responsable de maison de quartier a affirmé à propos de celui-ci: « Aussi, le Skate-park semble être un endroit propice à la cohésion sociale, certains jeunes font des figures qui mériteraient qu’on les regarde ». Ainsi, le site pourrait être apprécié de différentes manières et donc être plus facilement accessible à une plus grande diversité d’usagers.

Il semble important de noter qu’il existe des attentes et même une demande à l’égard d’espaces de ce type sur la commune, comme en témoignent certaines réponses au questionnaire. On peut par exemple noter ici une réponse libre donnée par un.e répondant.e dont le souhait est de voir exister un lien commun permettant des activités pour tous les âges, accessible par des déplacements doux, par exemple: jeux pour jeunes enfants + espace pour enfants et ados (skate -park par exemple) + espace pour adultes y compris les plus âgés (parcours sportifs, marche, course, vélo, lieux pour pratiquer en plein air des sports doux tel que le yoga, la gym douce, pilates, stretching, tai chi danse…)”.

Or, ces attentes peuvent aisément se conjuguer avec beaucoup d’autres, notamment celles à l’égard d’agrès sportifs et d’équipements de street-workout, à propos desquels les remarques sont également nombreuses : “du matériel de fitness en accès libre”, “avoir des agrès”, “mise en place d’un parc de callisthénie (musculation au poids du corps en extérieur : barres à tractions/dips…) comme celui aux Arènes à Toulouse ou bien place du Vivier à Cugnaux. Il serait profitable à tout le monde, et beaucoup de gens l’utiliseraient à Tournefeuille “je me déplace jusqu’à Toulouse ou Cugnaux avec mon groupe pour pouvoir utiliser de telles infrastructures”. Si les modules de musculation et de street-workout intéressent, il semble bon d’interroger les solutions existantes, notamment celles de parcs d’agrès diversifiés pouvant servir à un grand nombre de publics. Puisque outre leur accessibilité, il faut donner envie aux personnes de rester dans les espaces publics et donc prévoir des activités intergénérationnelles. Cela peut être des agrès, “quelque chose qui soit innovant et évolutif, qui puisse servir à des petits, à des personnes âgées pour travailler la motricité, l’adaptabilité, la rééducation et d’avoir des choses plus sportives avec des répétitions et que ce soit toujours aux normes”, ont évoqué des membres du conseil municipal. Certaines activités peuvent être inclusives, comme par exemple : “la marche et les activités nautiques, puis l’escalade comme activité douce (notamment pour les personnes âgées) [qui] peuvent être de bonnes activités pour tous les publics” ouencore “le fit-foot” et la “gym volontaire”.

Enfin, à  propos de la prise en compte des attentes des femmes en matière d’offre ou de réalisation de nouveaux équipements à Tournefeuille, un de nos interlocuteurs émet l’hypothèse, qu’un moins grand nombre de pratiquantes, et c’est bien le cas, pourrait expliquer des choix d’investissement plutôt en faveur de pratiques dites masculines, foot, rugby, escalade, que de pratiques plus féminines comme la gymnastique ou le yoga par exemple. « Donc ouais si on prenait à l’inverse les pratiques féminine ou y’a le plus de monde, il y a effectivement peu de salle de danse et effectivement peu de salle de gym, y’a pas de club de gym très développé à Tournefeuille c’est exact, il n’y a pas d’infrastructure qui le permette, donc même sans parler de milieux défavorisés ou des publics exclus, il est évident que n’ont pas été mis en avant des choix qui favoriseraient la pratique féminine par exemple » ou encore « c’est vrai qu’il y a un sujet vous avez sans doute raison il y a un manque, parce qu’il y a peu de chose en réfléchissant, qui leur sont expressément destinées ». Ces activités sont sans doute aussi plus fréquemment pratiquées dans des structures privées, donc sans doute moins en relation immédiate avec la municipalité.

Des animations et événements pour fédérer les publics

Des entretiens ressort l’idée que les animations et événements sont vecteurs de cohésion sociale, d’échanges et d’ancrage à la pratique physique dans le temps. De même, tous les acteurs s’accordent à dire que l’animation reste un excellent moyen pour valoriser les espaces. 

En effet, l’installation de nouveaux équipements ou l’aménagement d’espaces existants ne suffit probablement pas à bouleverser de manière durable le rapport des tournefeuillaises et tournefeuillais aux espaces publics de la ville et aux pratiques physiques et sportives dans ces derniers. Si cela peut déjà faciliter les interactions, rencontres et moments de partage, le levier des manifestations peut lui aussi jouer un rôle non négligeable.

Les réponses au questionnaire nous apportent d’autres éléments de compréhension concernant les attentes des habitants et rejoignent également les témoignages recueillis lors des entretiens que nous avons menés

Les espaces verts semblent être parmi ceux les plus appréciés par les habitants de Tournefeuille lorsqu’il s’agit d’activité physique, or, ce sont également ceux au sein desquels le potentiel d’animations ouvertes au plus grand nombre est le plus important.

De plus, il existe une demande pour ces animations, comme le prouve une de ces réponses au questionnaire :Proposer des animations en plein air chaque mois sur un jour défini, type premier dimanche du mois, et du type : bal extérieur, cours de zumba ou salsa, yoga ou randonnée, etc. Ou des minis tournois de volley, badminton, hip-hop, etc.”.

Ce type d’animations existent dans certaines communes, notamment à Paris, ou la ville organise tous les week-end des activités physiques ouvertes à tous et correspondant à tous âges, dans une dizaine d’espaces publics de la capitale, gratuitement, encadrées par des professionnels. De plus il ne faut pas perdre de vue l’aspect ludique de la pratique d’activités physiques, comme en témoignent certains propos qui notent l’intérêt d’une limite très fine entre le sport et le jeu”. Penser le choix de nouvelles installations en réfléchissant jeu, et pas simplement sport,  pourrait peut-être encourager plus facilement les personnes éloignées des pratiques physiques à pratiquer des formes d’exercices .

La dimension ludique n’est pas incompatible avec un partage intergénérationnel, un membre du conseil municipal nous a par exemple parlé d’un “projet de faire du sport dans les maisons de retraite, une grande journée intergénérationnelle, une école multisport, qui permettrait aux enfants, de découvrir de multiples sports”.

Enfin, il peut être intéressant de regarder vers certains projets innovants qui permettent de pallier de nouvelles difficultés. En effet, on constate avec les réponses au questionnaire que les jeunes tournefeuillais (18-25 ans) font de moins en moins de sport. Or, même si cela peut sembler relever du stéréotype, penser au rôle du numérique dans l’identification des centralités sportives et du partage de temps de sport-loisir nous paraît opportun.

Au-delà, et pour attirer davantage l’intérêt des habitants, de tous âges, vers les pratiques physiques, les événements et animations sportifs et ludiques dans la commune apparaissent comme des moyens efficaces de perpétuer le bien-vivre et d’encourager la pratique physique dans les espaces publics. Si l’on prend l’exemple d’événements annuels tels que les Randos Vertes en rollers au niveau national, ou encore le Semi-marathon à Tournefeuille, on se rend compte que leur organisation permet de créer des habitudes chez les individus. Au-delà, ils permettent l’appropriation d’un territoire, la découverte de nouveaux espaces, d’une activité ou encore la fabrique d’une identité de quartier ou communale.

Les questionnaires ont permis de montrer que les animations représentent seulement 3% des éléments cités pour justifier la fréquentation des lieux pour la pratique d’une activité physique. Plusieurs tournefeuillais souhaitent la mise en place de cours de remise en forme (yoga, tai chi, step…), l’organisation de sessions de workout/crossfit/yoga en extérieur dès que le temps le permet, l’insertion de pratiques émergentes telles que le Qi gong, le yoga, les danses douces, et selon une idée plus originale, la mise en place de sentiers 5 sens découvertes. L’un des répondants précise : « proposer des animations en plein air chaque mois sur un jour défini, type 1er dimanche du mois, et du type : bal extérieur, cours de zumba ou salsa, yoga ou randonnée, etc.. ou des mini tournois volley, badminton, hip hop, etc…».

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Ainsi, un professionnel affirme : « l’animation c’est une bonne solution, c’est organiser des évènements, comme une sorte de journée découverte de la marche ou de la course, avec un parcours pour les collèges ou les écoles ». A Tournefeuille, différents évènements sportifs sont très appréciés, comme le souligne un acteur associatif : « le Dimanche sur la Place permet aux gens d’aller rencontrer des associations sportives ou culturelles ». Les entretiens témoignent de l’appui apporté par la municipalité aux actions sportives menées dans la commune et notamment le soutien du service jeunesse à l’organisation d’un festival à destination des jeunes. Il permettait à des jeunes de se confronter dans des battle de Hip Hop, des compétitions de trottinettes, etc. Le sport de rue invite les passants à être spectateurs de ces temps d’animation. Ce festival nous apparaît comme une bonne solution pour redonner vie à l’espace public, c’était une animation qui était appréciée.

« A l’époque, il y avait le service jeunesse qui organisait le festival Jeunes en scène au skatepark, une battle de Hip Hop, compétitions de trottinettes, etc. »

Ces préconisations, telles que l’organisation d’une journée découverte et de moments réservés spécialement aux mobilités actives, ont clairement pour objectif d’amener les habitants à s’intéresser aux activités physiques et à la pratique sportive à travers des mobilités respectueuses de l’environnement. Elles devraient être encouragées.

Autre point, les événements sportifs, bien qu’ils soient considérés comme très fédérateurs, ne doivent pas faire perdre de vue certains publics spécifiques tels que les enfants. Il serait par ailleurs intéressant d’inclure les parents autour de certaines initiatives et ce notamment pour valoriser les liens entre familles et écoles. Un acteur associatif le mentionne : « souvent ce qui est fédérateur c’est tous ces événements qui sont mis en exergue par les écoles de Tournefeuille, ou le centre de loisirs, parce que les enfants incitent la famille à éventuellement aller voir, participer, à ces événements »

Les événements sportifs orientés sur le handisport doivent être davantage mis en avant. Il serait opportun de sensibiliser les habitants, d’imaginer des événements, des ateliers découvertes pour les personnes en situation de handicap, voire de créer des évènements sans compétition avec une animation inclusive plus ouverte aux différences de chacun, comme le suggère le membre d’une structure locale : « plus de sensibilisation, de découverte et de mise en situation de handisport ». Le responsable d’une structure locale ajoute : « il y manque une animation inclusive, sans compétition ».

Par la suite, il convient de s’intéresser aux systèmes d’acteurs et d’évaluer leurs interventions dans le but de comprendre comment ils s’organisent entre eux et comment cela impacte le développement des pratiques physiques et sportives à Tournefeuille. Pour ce faire, nous avons tenu compte des remarques et des doléances relevées lors des entretiens et des questionnaires.

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