Se reposer

Cai Chufu, Six People on a Park Bench, Central Park

Lorsque l’on souhaite promouvoir l’activité physique dans les espaces publics ou que l’on souhaite simplement voir des gens y circuler, il faut alors penser à ce qui précède et ce qui suit ces activités : le repos. En effet, les espaces de repos optimaux sont nécessaires aux personnes qui fréquentent des espaces publics, ce pour différentes raisons. Ces espaces ou aménagements qui peuvent alors être très simples, comme des bancs, permettent de faire d’un lieu de passage, un lieu où l’on s’arrête, où l’on peut alors se retrouver ou se détendre. De plus, des espaces de repos permettent d’optimiser les différentes activités dans les espaces publics. Les activités sportives par exemple qui seront nécessairement plus aisées à exercer si un espace de repos est disponible à proximité, ou bien les simples déplacements qui seront facilités. Pour beaucoup, souvent les personnes âgées ou à mobilité réduite, il est difficile de parcourir de longues distances à pied sans se reposer en cours de route, il est alors essentiel de bénéficier d’espaces de repos sur leur chemin. On peut alors considérer que  “Le banc public contribue au capital de mobilité de ses utilisateurs notamment pour les personnes à mobilité réduite”.

La présence ou non d’aménagements dédiés au repos, au statisme, à l’immobilité (qui ne signifie pas nécessairement inactivité), oriente et définit des utilisations de l’espace public ainsi que son accessibilité, son inclusivité et les publics susceptibles d’en être des usagers.

En effet, tous les types d’usagers n’ont pas les mêmes activités dans les espaces publics, cela relativement à leurs envies, besoins, capacités.

Mathieu Pochon et Thomas Schweizer, S’asseoir dans l’espace public, Panorama autour du séjour urbain

Cette étude issue des travaux de Mathieu Pochon et de Thomas Schweizer permet de remarquer l’étendue des usages possibles d’espaces dits de repos et de penser leur optimisation en conséquence. Cela permet également de comprendre en quoi

des équipements tels que des bancs publics ne sont pas simplement des équipements d’inactivité et d’identifier où ceux-ci sont nécessaires. En l’occurrence, sur des chemins de promenades (le long d’itinéraires de randonnée ou de la trame verte et bleue en général), à proximité d’éléments remarquables du patrimoine bâti ou naturel et, évidemment, le long des axes de passage majeurs. On parle alors de bancs relais le long des axes majeurs, ce sont ceux qui permettent aux personnes, principalement celles à mobilité réduite qui en ont le plus besoin, de faire une pause durant leurs déplacements. Sans cela, circuler dans l’espace public est impossible pour un bon nombre d’usagers potentiels, un interdistance de 200 mètres maximum est alors recommandée pour ces bancs.

Si un simple banc peut rendre des espaces publics bien plus accessibles et inclusifs, un équipement voué au repos invitera les personnes, s’il est confortable, à fréquenter plus assidûment et plus fréquemment ces espaces publics. Les équipements de repos sont alors des moyens de mise en valeur de l’espace public.

Pour cette mise en valeur, deux plans majeurs semblent primer : confort et esthétisme.

Confort car c’est en permettant une expérience de séjour confortable dans un espace public que ce séjour sera renouvelé. Pour cela, certaines villes ont installé des hamacs dans des espaces verts, un moyen original de les rendre plus confortables et attractifs.

De plus, multiplier le nombre de bancs et de tables sur des espaces stratégiques et optimiser leur confort permet aux familles ou autres groupes et individus de prolonger leur séjour dans l’espace public, plus particulièrement quand un des membres du groupe y exerce une activité physique. Lorsque des parents amènent leurs enfants sur des aires de jeux par exemple, la présence de bancs et de tables permet à l’adulte de surveiller tranquillement l’enfant ou de faire autre chose, cela permet également d’y manger et donc de prolonger le séjour. Sur ce point, plus l’aménagement sera confortable, plus les personnes seront susceptibles d’y passer du temps, la question du confort n’est donc pas un point de détail. 

Aire de jeu de la commune de Rossfeld (67), on y voit table et bancs à proximité 

Un autre paramètre nécessaire à ce confort est la présence d’ombre afin que le repos sur un banc en période estivale ne soit pas synonyme d’insolation, c’est d’ailleurs en cette saison que des places assises à l’ombre sont plus qu’utiles à tou.te.s . C’est d’ailleurs une occasion de croiser repos et originalité ou de tirer profit d’éléments préexistants générateurs d’ombre, des arbres par exemple. Ces espaces ombragés sont d’autant plus appréciables que l’on est dans une ville du sud de la France où les températures estivales sont souvent, et de plus en plus,  caniculaires et incitent plutôt à ne pas sortir de chez soi. A ce sujet, la présence de points d’eau potable (fontaines) est indispensable dans ces espaces extérieurs, particulièrement ceux où sont exercées des activités physiques ou le long d’axes principaux.

Enfin, la dimension originale, esthétique ou encore ludique d’un espace de repos peut mettre en valeur un espace public en le rendant plus attractif et en donnant un élément supplémentaire d’identité au lieu.

 

Un des 48 bancs de la place d’Espagne de Séville, Grez, 2007

Cependant, il faut également faire attention à des écueils possibles dans certaines courses à l’originalité, un banc public doit avant tout remplir une fonction d’utilité et de confort sur laquelle l’esthétique ne doit pas primer.

Bancs de la place Simone Veil, Nancy, Nicolas ZAUGRA, Lorraine Actu

Par exemple, les bancs de la place Simone Veil à Nancy réalisés en 2017 et financés avec le “1% artistique” ont été sujets de débats. En effet, ils ne permettent qu’une station assise (relativement peu confortable) et rien d’autre, ils ont d’ailleurs eu leur place à la cérémonie annuelle des Pics d’Or de la fondation l’Abbé Pierre qui récompense ironiquement les dispositifs anti-sdf. 

Quelques exemples de réalisations