Des acteurs en système

Suite aux entretiens que nous avons menés, certains éléments sont ressortis autour du thème des relations entre les acteurs, dont l’analyse est  organisée en quatre points :  la place de l’éducation dans la sensibilisation aux activités physiques et sportives, les relations entre municipalité, milieux sportifs et éducatifs, la participation citoyenne et enfin la communication à destination des habitants.

Premièrement, la place essentielle de l’éducation dans la formation et la sensibilisation aux activités physiques et sportives des habitants, et ce, dès le plus jeune âge.

Le sport et les activités physiques découvertes à l’école donnent en effet les codes pour pratiquer et connaître les règles des activités en commun. Il est donc important de sensibiliser au maximum les enfants aux activités physiques et sportives. La découverte de différentes activités dès les premiers cycles pourrait être élargie puisque la commune a la compétence pour les écoles maternelles et primaires. Beaucoup d’initiatives sont déjà menées, il y en a sans doute d’autres à imaginer, également dans les temps périscolaires. Les intervenants sportifs d’association dans les établissements scolaires prennent leur part dans cette sensibilisation. Comme nous l’a spécifié un interviewé, « il y a une volonté municipale pour accompagner à la pratique des sports et de la culture dans les écoles de la ville. Donc ce n’est pas une obligation, ça a demandé d’énormes négociations avec l’éducation nationale pour qu’ils puissent le faire ».

Du côté des collèges et des lycées, et par le biais des activités au sein de l’UNSS, les jeunes découvrent et approfondissent leur connaissance de différents sports et leur appétence pour les activités physiques. Il est donc essentiel que la collectivité soit en relation régulière avec les enseignants, tant du primaire que du secondaire pour répondre au mieux aux besoins des équipes pédagogiques et aux activités se déroulant dans le cadre de l’UNSS. Par ce biais les clubs élargissent leur vivier et accroissent leur rayonnement. Cela n’est pas sans retombées pour la collectivité, ni sans effet entraînant pour toute la population. Plus de pratiquants, ce sont plus de personnes en bonne santé, capables de se déplacer à vélo et/ou de pratiquer différentes activités physiques ou sportives libres dans les espaces publics. L’activité physique rejoint le plaisir du jeu, encourage l’expression corporelle, et nécessite un accompagnement, comme l’a souligné un acteur associatif : « l’éducation c’est le nerf de la guerre, je pense qu’il est utopique de croire qu’un utilisateur lambda va aller sur une installation qu’on lui propose. Pour l’utiliser il faut encore qu’il ait les codes, de la même façon que vous avez construit l’installation ».

Deuxièmement, la relation entre la municipalité, les milieux sportifs et éducatifs, et les liens entre eux.

Le travail en commun et l’intelligence collective sont d’excellents moyens pour donner plus de force au territoire, valoriser les initiatives et générer de la motivation chez les acteurs. Qu’en est-il dans le domaine du sport et des activités physiques à Tournefeuille ? Quels sont les liens entre les acteurs ?

Clubs sportifs et Mairie

La municipalité soutient les associations, accompagne les événements sportifs, comme en témoigne le nombre important d’adhérents, l’existence de grands clubs, l’écoute, le soutien et l’accompagnement à des clubs de plus petite envergure et les manifestations organisées à Tournefeuille. Nous pouvons par exemple noter l’implication du “Tournefeuille Skate Club” dans la construction du nouveau skate-park, le projet canoë à destination des habitants des collectifs de la rue des Saules avec le CLSPD ou bien l’organisation annuelle du semi-marathon. Les associations sont aussi invitées à participer au débat public, ce qui permet une écoute plus poussée des initiatives en cours et à venir. Il ressort de ces expériences que ce lien avec la municipalité est fondamental.

Source : acteur membre du GPS

Un projet autour du canoë rue des Saules

Une initiative récente a vu le jour à Tournefeuille, dans le cadre d’un GPS (groupe partenarial situationnel) intégrant entre autres la municipalité, le coordinateur CLSPD, la police municipale et le bailleur social OPH 31. Un appel à projet, le « FNAVDL » (fond national d’accompagnement vers et dans le logement) a permis d’appuyer un projet de parcours canoë sur le Touch. Une fois le cours d’eau sillonné pour repérer des parcours potentiels, un ponton pour les canoës a été construit, en partenariat avec l’association CVIFS (Collectif de Valeurs, d’Insertion et de Formation par le Sport et la Santé). L’activité, gratuite, est proposée aux habitants des logements sociaux d’OPH 31 de la rue des Saules.

Cette pratique gagnerait pourtant à être développée : « les gens qui voient les canoës dans l’eau, ils trouvent ça trop bien, ils demandent pour qui c’est, si c’est un club… Nous aimerions élargir l’activité à d’autres habitants de la rue des Saules, ou même l’élargir encore plus », selon un acteur du GPS.

D’autre part, le projet croise également des préoccupations environnementales selon ce même acteur : « l’objet de développement du projet est évidemment aussi sur le volet écologique, et éco-responsable, comme organiser des sessions de nettoyage du Touch depuis les canoës, et peut-être envisager un parcours nature… ». Peut-être l’occasion de tisser de nouveaux liens entre acteurs comme l’indique ce membre du GPS. « Il y a une association sur Tournefeuille qui est intéressée par ces questions de biodiversité, qui aimerait prendre part à ça, à l’élaboration d’un parcours, et aussi aider à faire une reconnaissance de la biodiversité le long du Touch ».

Toute récente dans sa mise en œuvre, l’activité porte déjà ses fruits, et permet de porter un autre regard sur un quartier souvent exposé à des critiques. C’est selon cet acteur « une volonté qui a émané des habitants des Saules, et qui aujourd’hui se diffuse ».

On note aussi que les liens entre la municipalité et les clubs dans le cadre des Jeux Olympiques et du dispositif Terre de Jeux, favorisent  une bonne coordination des acteurs sportifs avec la Mairie.

Il est enfin important de relever que l’OMS joue un rôle fondamental dans les relations avec les clubs et la municipalité. De nombreuses pistes de travail ont été engagées, ainsi que des réflexions autour du type de pratiques physiques, les lieux d’implantation, les éléments de communication, les liens entre acteurs, les interconnexions entre quartiers. Nous y avons été associés. C’est donc un réel atout pour Tournefeuille, un nouvel élan donné aux pratiques et aux aménagements.

L’OMS : un bureau élu constitué de 5 membres ainsi qu’un Comité directeur élu composé de 16 membres. Les acteurs sont aussi divers que des associations sportives, des membres de l’éducation nationale, de la municipalité. 31 sections sportives sont concernées. L’OMS se fixe comme objectif de promouvoir le sport dans la commune au bénéfice de tous, en s’axant sur 4 thématiques de travail : l’école multisports, l’école de formation, le sport libre et pour tous, la mutualisation des moyens. De plus, deux comités accompagnent les initiatives liées aux Jeux Olympiques 2024.

Mairie et milieux scolaires

Il y a toujours eu une volonté municipale d’accompagner la pratique des sports au sein de la commune, et cela débute dès le plus jeune âge avec la présence d’intervenants sportifs d’association dans les établissements scolaires. Cela s’est vérifié par ailleurs à de nombreuses reprises, comme par exemple pour la réalisation du gymnase des Quéfets. Des  échanges sont en cours aujourd’hui dans le cadre de la transformation du secteur autour du skate parc et du gymnase du collège Labitrie. De même, cette dimension est renforcée avec les actions menées récemment par l’OMS et auxquelles les enseignants peuvent participer. Cependant, deux points nous semblent intéressants à relever suite à l’exploration des entretiens.

Sur l’utilisation des équipements type gymnase :

Même si la diversité des équipements permettant de pratiquer des activités physiques et sportives est importante à Tournefeuille, la question de l’accès à ces équipements, particulièrement aux gymnases, se pose. Les entretiens auprès des personnels de l’éducation nationale et des dirigeants de clubs témoignent d’une certaine compétition pour l’accès aux équipements : temps scolaires parfois grignotés, clubs frustrés de ne pouvoir utiliser davantage tel ou tel équipement… « vous avez un gymnase qui vous est alloué et ces gymnases sont alloués sur des créneaux horaire de cours, de 8h à 17h, donc sur la journée et vous êtes en lutte permanente avec les clubs, qui eux cherchent systématiquement à récupérer des créneaux sur ces installations, car ils n’en n’ont jamais assez, ils ont plus d’adhérents que de créneaux à leur proposer » – Personnel de l’éducation nationale. Les choses se compliquent aussi de par une temporalité différente des recensements des besoins et de construction des plannings entre les équipes de l’Education nationale et les clubs sportifs : « C’est-à-dire qu’à la fin de l’année scolaire, donc mai/juin,  on va décider de comment utiliser l’installation pour la rentrée d’après. Donc on pourrait par exemple libérer des créneaux de façon occasionnelle une année en disant le mercredi cette année on n’utilise pas le gymnase. On pourrait le laisser à un club. Sauf que le club quand il inscrit ses adhérents, il les inscrit plus tôt. Il ne peut pas décider sur une année civile, en milieu d’année, arrêter ce qu’il a fait. Les décisions ne se prennent pas sur le même temps » – Personnel de l’éducation nationale.

Sur la coordination entre équipes EPS et municipalité et clubs

Différents temps permettent à la municipalité et aux collectifs enseignants de dialoguer et de tout mettre en œuvre pour répondre aux attentes des professeurs. Mais la municipalité, dans sa réflexion par rapport à la modernisation ou à la construction de nouveaux équipements à Tournefeuille, est aussi dans la position de devoir satisfaire les attentes des clubs et à travers eux de s’approcher au plus près des besoins de la population. Cette citation illustre bien la situation : « Donc du coup voilà, c’est un jeu de négociation justement entre ce dont l’équipe aurait besoin pour travailler confortablement et entre ce que la mairie a envie de mettre en place pour faire plaisir à ces riverains à travers ces clubs associations…».

Liens entre les différentes sphères

A Tournefeuille, il existe enfin une bonne coordination entre les acteurs -associations, clubs, enseignants- qui en général parviennent à communiquer régulièrement entre eux, et à organiser des rencontres annuelles. On peut évoquer l’association Vélo-Tournefeuille qui s’occupe de recenser et de proposer des améliorations en termes de réseau cyclable, ou encore l’association 2 pieds 2 roues qui maintient un lien permanent avec les établissements scolaires. Les Maisons de Quartier ont également un rôle particulier dans cette coordination, elles travaillent ensemble et avec les autres structures publiques afin de maintenir les liens entre les acteurs et pour que les activités proposées soient accessibles à tous les tournefeuillais. L’objectif d’une Maison de Quartier est être facilitatrice de lien social et d’activités sous toutes formes. Un des acteurs d’une des structures nous indique d’ailleurs : “nous sommes très en lien avec la résidence d’Oc, sur du numérique. Nous avions aussi pris contact avec le lycée pour essayer d’établir du lien”. Nous pouvons aussi citer un autre acteur d’une structure locale : « beaucoup de ces initiatives d’échanges et de sorties viennent de notre animatrice. Elle est un pilier dans notre établissement, c’est elle qui voit avec les autres structures, pas la Mairie directement. Notre animatrice fait le lien entre notre établissement et tous les autres organismes ». L’ensemble des fédérations sportives sont enfin des acteurs importants car ils incitent à la pratique physique.

L’idée qu’une association puisse organiser et s’impliquer davantage dans les événements a également été suggérée lors des entretiens. Une personne issue d’une structure locale déplore que « si nous ne sommes pas un service qui est mobilisé sur cette manifestation, on ne va pas être informé en tant que service », ce qui montre qu’il y a parfois un manque de lien, ou du moins de communication. Cela ne permet pas à la commune d’exploiter toutes ses potentialités et de croiser les compétences dans une volonté durable. 

La volonté d’organiser des évènements ponctuels fondés sur l’objectif de croiser activités physiques et intergénérationnel semble plutôt partagée, notamment à l’occasion des JO 2024 dont Tournefeuille est Terre de Jeux, ou de rencontres, avec des initiatives  qui peuvent partir des écoles, centres de loisirs dans lesquels les familles des enfants pourraient être impliquées et participer ou encore des olympiades familiales, des “rencontres sport-co intergénérationnelles” ou un « projet de faire du sport dans les maisons de retraite, une grande journée intergénérationnelle, une école multisport, qui permettrait aux enfants, de découvrir de multiples sports » évoque un membre du conseil municipal avec enthousiasme.

Par exemple, le « centre-ville est propice à cette cohésion et à ces échanges lors d’événements ». L’idée de faire appel aux associations pour soutenir divers projets favorisant le vivre ensemble a également émergé chez un acteur associatif : « animer par l’intermédiaire des associations avec le soutien de la Mairie ou des Maisons de quartier, ils pourraient très bien tous les week-ends organiser des tournois multisports, de hand, de basket ou de découverte sportives ». 

Ainsi la médiation entre en jeu. Créer le lien entre les différents organismes, mutualiser les compétences, savoir-faire et les matériaux dans le but de réaliser un évènement pour la commune. Le travail collectif favoriserait le rapprochement des différents acteurs du territoire et permettrait de co-construire les évènements de manière transversale. On peut aussi ajouter que l’entraide a fortement été évoquée par plusieurs personnes interviewées : « les acteurs, dont les associations et les habitants, se croisent régulièrement grâce aux événements et aux outils mis à disposition. Il faudrait aussi qu’il y ait une possible opportunité pour une entre-aide entre clubs et un accompagnement par la Mairie », comme le dit le responsable d’une association.

Il serait aussi intéressant de développer la communication à destination des acteurs afin qu’ils puissent se rassembler. Une personne venant d’une structure locale a réalisé qu’il serait pertinent d’« améliorer ce point de communication avec la Mairie […]. Nos réunions devraient servir à ça, dialoguer avec les représentants de la Mairie ». De ce fait, la mise en mouvement des initiatives inter-sphères nécessite plus de temps d’échanges, entre les structures elles-mêmes d’une part et avec la Mairie d’autre part. Il existe d’autres solutions, par exemple le développement d’un réseau social interne pour les acteurs d’une commune, tel que la plateforme HumHub

La crise sanitaire a pu limiter les relations entre ces différentes sphères. Cependant, le retour à la normale et la relance de l’OMS devraient favoriser à nouveau les échanges. 

Toutefois, certains propos recueillis lors d’entretiens pointent sur la nécessité que la coordination autour de l’accompagnement aux activités physiques et sportives concerne aussi la collectivité elle-même : « il n’y a pas une très bonne communication au sein de la Mairie, entre les élus, les services techniques et services des sports. Ils ne se parlent pas toujours, et ils nous accusent de choses, même nous quand on organise, alors qu’on a fait passer l’information à l’autre, mais ils ne se sont pas fait passer l’information, et ça nous retombe dessus ». Ce manque de communication peut freiner l’innovation et la prise d’initiative du côté de la municipalité et dans ses relations avec les autres sphères.

Il nous semble important d’ajouter que le soutien aux activités physiques et sportives ne repose pas seulement sur la collectivité. En effet, la Métropole a également des compétences dans ces domaines et de bonnes relations entre Tournefeuille et l’intercommunalité sont nécessaires pour, par exemple, développer le réseau cyclable, mieux le connecter aux autres communes. Différents acteurs ont accordé de l’attention à cette dimension de la coordination entre l’action locale et intercommunale. Elle est essentielle sur le volet pistes cyclables mais aussi pour envisager la réalisation des futurs équipements.

La participation citoyenne et la relation avec la municipalité

Les habitants apprécient fortement le fait d’être initiateurs de projets en lien avec les activités physiques et sportives et, en la matière, nous pouvons évoquer le Service Jeunesse et le Conseil Municipal des Jeunes qui avaient mis en place une enquête auprès des jeunes qui a permis la création d’un city park et de nouveaux modules au Skate Park, un conseiller municipal nous a expliqué que « la création du Tournefeuille Skate-Park, c’est typiquement ça, ce sont des gens qui sont venus là, qui ont parlé, on les a aidés, ils ont créé une association ».

L’Agora, nouvelle assemblée citoyenne qui permet d’associer les tournefeuillais aux projets de la commune, était en cours d’installation au moment des entretiens et plusieurs personnes ont souligné qu’elle pourrait avoir un rôle à jouer pour mieux servir les objectifs qui nous intéressent dans le cadre de cette étude. Un responsable d’association a soutenu qu’il souhaiterait que les projets portés par l’Agora soient « remis en avant afin de permettre de redonner vie à certains lieux et valoriser les espaces ». Il semblerait que l’Agora impacte le cadre de vie des Tournefeuillais, les 46 membres dont elle est composée venant d’horizons divers, et participant aux décisions d’animation de la vie démocratique de la commune. Ces dimensions permettent d’avoir un dialogue équilibré.

De même, l’accompagnement financier comme le budget à destination des projets participatifs portés par des collectifs ou des associations, pourrait être un levier intéressant pour engager des opérations en lien avec les activités physiques et sportives dans les espaces publics tournefeuillais. Dans ce cadre, certaines associations pourraient réfléchir à des projets autour des activités sportives et physiques pour tous, et candidater au concours annuel des projets participatifs.

Dans le cadre de la participation citoyenne, certaines pistes de réflexion nous ont été livrées. Prioritairement, Selon les dires d’une personne d’une association, « s’il y a une mécanique qui doit se déclencher ça doit venir des gens d’eux même ou d’un collectif, mais ça je ne pense pas qu’on puisse le diriger ». Par exemple, selon un acteur d’une structure locale, “il y a énormément d’initiatives sportives qui s’organisent par les réseaux sociaux et qui se font sur l’espace public, moi j’utilise les applications Frimake et OVS principalement”. Les habitants pourraient être incités à participer à la réflexion en termes d’activités physiques, afin de faire Tournefeuille un laboratoire d’idées comme l’a évoqué un conseiller municipal. « Il faut toujours avoir une part de rêve, envisager ces espaces, ce monde idéal, dans ces espaces où l’on peut vivre, agir, pratiquer, rêver ». Un habitant souhaite d’ailleurs voir améliorer la concertation citoyenne à l’échelle communale et à l’échelle des quartiers”.

Enfin, au moment de la concertation autour des nouveaux projets d’aménagement, dans le cadre des enquêtes publiques, il apparaît important d’accorder une place importante à l’intégration des activités de loisirs dans les espaces, et de tenir compte de la qualité de ces derniers pour pratiquer correctement les activités physiques. Intégrer cette question aux débats publics est un levier à ne pas négliger.

Communication en direction des habitants et promotion des événements

La question de la signalétique qui indique les lieux de pratique, comme des panneaux distance-temps, est fondamentale, nous l’avons évoqué auparavant.

Par ailleurs, un certain nombre de remarques ont été faites autour de l’enjeu de la communication autour des activités physiques et sportives dans la ville. Certaines personnes interrogées, comme cet autre acteur associatif,  font en effet remarquer que la communication autour des événements est un point essentiel, mais souvent manquant : « il y a peu de promotion de ces pratiques comme le vélo à la population. Il faut communiquer autour des activités physiques, et créer des événements dans ce domaine tels que des journées découvertes et des moments réservés aux mobilités actives ».

D’un autre côté, partager l’information à l’ensemble du public semble chose difficile. Pourtant nécessaire pour inciter à fréquenter les espaces, les équipements disponibles et à y pratiquer des activités physiques, il semblerait que la communication envers les habitants ne soit pas suffisamment développée. Même si la webletter de la ville existe, tout comme la diffusion sur les réseaux sociaux (notamment Instagram), les tournefeuillais ne sont pas systématiquement au courant de ce qui peut se faire en termes d’activités physiques, surtout si les personnes ne sont pas impliquées dans la vie de la commune. Seule une partie du public cible est touchée, ce qui engendre parfois un faible taux de participation aux évènements.

Un parallèle a été fait par un responsable d’une structure locale en comparant avec les Jeux Olympiques d’Escalade pour montrer qu’un événement qui est considérablement bien médiatisé fonctionne mieux « l’événement le plus fédérateur et peut-être car il est fortement médiatisé reste les JO Escalade ».

Ainsi, il a donc été préconisé de recourir à l’ensemble des moyens mis à disposition : newsletter, réseaux sociaux, affiches, etc. Tous les moyens doivent être mobilisés pour que la communication soit plus efficace et qu’elle s’adresse au plus de monde possible. Lors d’un entretien avec un acteur associatif, celui-ci a affirmé : « j’ai l’impression que lorsqu’on veut faire connaître quelque chose il faut utiliser tous les moyens et ils touchent tous une partie du public. Il faut balayer plus large, utiliser les réseaux sociaux, la newsletter, les affiches en ville, la diffusion par les associations. Utiliser le plus de moyens possibles. ». Et ce partout dans la commune, car certains secteurs plus éloignés des entrées et du centre de Tournefeuille, ne disposent pas de panneaux d’affichage et ne sont donc pas couverts par la diffusion des informations. Une impression partagée par certains habitants, comme le montre cette réponse au questionnaire sur les points à améliorer : “ une campagne d’affichage pour tout public”. Un responsable d’une association nous a aussi spécifié : « je pense que la communication devrait être plus connectée, qu’on reçoive quelque chose de rapide, parce qu’il existe par exemple l’Écho de Tournefeuille qui est un petit journal, mais il sort tous les deux mois, il faut quelque chose qui soit plus réactif  et ne pas être prévenu au dernier moment ». Certains ont en ce sens préconisé de mettre en place une solution numérique, comme une application mobile, qui permettrait de partager l’ensemble des informations importantes de la commune, car l’information gagnerait à être diffusée instantanément à l’inverse du journal qui est publié tous les deux mois. Et cela ne concernerait pas que le sport et les loisirs. Un élu s’est aussi prononcé sur le besoin d’une communication plus numérique : « une application Tournefeuille Sport par exemple, où je pourrais dire : « moi je pars à 7h, je vais faire 10 kilomètres qui veut venir avec moi, voilà mon parcours… » et les gens se rencontreraient comme ça. Je crois à la numérisation de la communication et je crois aussi à la signalétique dans les espaces ».

Ces propos rejoignent l’idée qu’il ne faut se focaliser uniquement sur certains moyens de communication traditionnels, du type du bulletin municipal, mais sans doute donner plus de place au numérique et ce même dans l’espace public notamment avec des panneaux d’affichage numérique dans la ville. Il s’agit de coller avec les modes de communication de tous les publics et particulièrement des jeunes, mais aussi de bien irriguer le territoire par ces systèmes d’information, au-delà des espaces centraux.

Pour conclure, Tournefeuille doit être davantage à l’écoute de toutes les initiatives que proposent ses habitants, des réflexions qui émergent de structures comme l’OMS, demain de l’Agora, qui se saisissent du sujet des sports dans la ville.  Une fois que les besoins, attentes seront mieux cernés, ils pourront être ciblés au travers une meilleure communication qui pourra inciter les tournefeuillais à pratiquer encore plus les activités physiques. La clé d’une bonne coordination semble être l’implication et la participation des habitants, de tous les habitants aux projets de leur ville ainsi qu’une communication moderne et étendue.

Quelques idées inspirantes pour Tournefeuille...

Des aménagements et des projets lancés par divers acteurs ont pour but d’améliorer la cohésion et de favoriser l’inclusivité et le vivre ensemble. Ainsi nous avons cherché à savoir qui lance les projets, pour qui sont-ils réalisés, et qui les utilise. La démarche de benchmarking nous a permis de repérer et d’observer diverses opérations portés par des associations, des villes ou encore des citoyens et qui toutes introduisent de nouvelles manière à la fois de penser les activités physiques voire sportives dans la ville mais aussi de favoriser à travers elles, de meilleurs échanges, contacts entre les habitants et bien-sûr d’agir sur la santé des habitants.

Des animations dans la ville, le temps d’une journée, au sein d’un espace, pourraient permettre aux publics qui ont besoin d’encouragement de pratiquer une activité physique et de peut être l’ancrer dans leurs habitudes. Par exemple, depuis plusieurs années, la Ville de Paris propose des séances de sport gratuites et encadrées par des coach professionnels dans quelques parcs de la ville, les dimanches matin.

Il existe également des idées nouvelles qui utilisent les outils numériques comme le projet mis en place par la métropole lyonnaise: enform@Lyon, une application mobile permettant d’avoir accès gratuitement à des parcours différents, des exercices et étirements adaptés au profil de l’usager ainsi qu’à des informations sur le patrimoine culturel de la ville. L’application permet également de mettre directement en lien les sportifs avec une fonction de compétition pour celles et ceux qui le désirent.

A New York, le Imagination Playground de Manhattan attire de nombreuses personnes en proposant un espace de jeux où le but est de construire, aménager, rêver, avec des modules de diverses formes.

Le Superkilen à Copenhague est un lieu 3 en 1, croisant activité physique, partage des équipements et trame verte grâce à des revêtements colorés selon les fonctions des espaces. Ce projet favorise le renforcement des liens entre jeunes et aînés.

Des projets comme les olympiades intergénérationnelles de Roubaix visent le “Tout public” de manière à intégrer l’intergénérationnalité (une notion qui participe de la cohésion sociale et de l’inclusivité), avec des équipes mixant des membres de tous les âges.

Les enfants, pour lesquels les idées d’autonomie, de partage et de développement sont mises en avant peuvent profiter du Parcours Pitchoun dès deux ans, également construit de manière à favoriser l’échange entre parents.

Réaliser des projets pour et avec les adolescents, c’est aussi créer et débattre avec eux autour de nouveaux concepts. Pour chaque opération, imaginer ensemble c’est faciliter la compréhension des besoins mais aussi favoriser le vivre ensemble, comme dans le cadre du Parc pour la danse, le jeu et les sports libres dans la banlieue de Stockholm.

A titre d’exemple, une “Journée sans ma voiture” organisée à Genève en 2016 a permis de mobiliser plusieurs acteurs dans l’optique de se rencontrer et pratiquer une activité physique. Coachs sportifs, associations, habitants ont ainsi pu pique-niquer, jouer, s’essayer à de nouveaux sports. 

Après avoir lu l’intégralité de notre phase 2, vous pouvez lire la conclusion de notre étude.