Les activités physiques et sportives

Les activités sportives

Tournefeuille est une ville au tissu associatif dense comme plusieurs interlocuteurs le précisent. Il y a un grand intérêt des tournefeuillaises et tournefeuillais vis-à-vis de la pratique en club sportif avec un total de 9 501 licencié.e.s en 2017. 

Avec la crise sanitaire, il y a une « préférence » selon un acteur associatif pour les sports qui se pratiquent en extérieur. Préférence ou tendance contrainte, due à la crise sanitaire ? Ce dernier affirme qu’il y a une « mutation au niveau du sport. Donc ou on trouve des solutions pour que nos sports existent à l’extérieur, ou on ne peut plus rien faire ». Se réinventer, adapter la pratique physique à l’intérieur et à l’extérieur sont donc actuellement au cœur des préoccupations dans le domaine sportif.

À partir des réponses au questionnaire, nous pouvons élaborer des moyennes, quelques constats et des tendances quant aux habitudes physiques et sportives des tournefeuillais.es. 

Nous pouvons, par exemple, établir que parmi les participant.e.s, 19.7% se déplacent en modes actifs au quotidien (dans les espaces publics extérieurs de Tournefeuille) ; 22.5% ont pour habitude de pratiquer une activité sportive dans ces espaces ; 53.9% déclarent pratiquer à la fois des déplacements du quotidien en mode actif et une activité sportive. On note toutefois que près de 4% des tournefeuillais.e.s ayant répondu au questionnaire admettent ne pratiquer aucune activité physique dans les espaces publics extérieurs de Tournefeuille. 

Inversement, notre échantillon nous montre que la grande majorité des répondant.e.s sont plutôt actifs/actives, puisque  73,6% d’entre eux pratiquent au moins des activités physiques durant leurs déplacements quotidiens. C’est naturellement à nuancer dans la mesure où les plus sédentaires n’ont peut être pas souhaité répondre ou ne se sont peut être pas senti.e.s concerné.e.s. 

En termes d’activités sportives, la fréquence de pratique, pour 34,4% des répondant.e.s, est comprise entre 1 et 3 fois par semaine. Au niveau national,  44% des personnes  interrogées (qui pratiquent au moins une activité sportive) s’adonnent à un exercice physique 1 à 3 fois par semaine. Cependant, nous constatons que les tournefeuillais.es interrogé.e.s pratiquent une activité sportive avec une fréquence bien plus élevée puisque 50,58% ont affirmé faire de l’exercice plus de 3 fois par semaine contre 35% à l’échelle nationale. 

Néanmoins, il existe des freins à la pratique d’activités physiques selon les tournefeuillais, les voici : 

Le “manque de temps/organisation” est prépondérant dans les réponses. Nous verrons par la suite qu’un lien existe entre cette réponse et la composition des ménages.

Les réponses montrent que le facteur financier ne constitue pas un frein, ce qui est bien sûr à mettre en relation avec le profil des répondants. C’est aussi un constat généralisé à l’échelle nationale puisque selon le Rapport France stratégie sur les activités physiques : “Plusieurs études montrent que le coût financier agirait de façon marginale…ce qui est d’autant plus vrai à l’heure de l’essor de la pratique physique autonome”. Même si au sein de notre échantillon le facteur financier n’est pas un frein, le besoin d’être encouragé et encadré  implique en revanche un certain coût qui peut décourager certains à pratiquer une activité sportive régulière. 

D’ailleurs le manque d’accompagnement, d’encouragement est le second frein qui semble limiter la pratique physique. Cependant, dans les faits, nous avons pu observer et il nous a été rapporté qu’il y avait beaucoup de pratiques non encadrées et libres à Tournefeuille comme des joggeurs qui s’étiraient sur du mobilier urbain. Cela se vérifie d’ailleurs avec les résultats du questionnaire puisque nous notons que 67% des enquêté.e.s qui pratiquent une activité sportive le font de manière non encadrée et 57% le font de façon individuelle.

Pratiques sportives des tournefeuillais.es

Ces pourcentages relativement élevés montrent l’importance de s’intéresser au sport et aux pratiques physiques “libres” dans l’espace public. 

Pourtant, la pratique spontanée des activités physiques ou sportives n’est pas encore suffisamment développée selon un acteur associatif . Selon lui, instaurer un climat de confiance collective est nécessaire pour valoriser les pratiques physiques dans les espaces publics, car  « les gens ne s’accaparent pas [assez]  l’espace public pour faire du sport de façon organisée ». Ainsi, il conviendrait de développer les notions de pratiques « libres » et/ou “organisées”  autant que individuelles et/ou collectives qui favoriseraient davantage les interactions sociales et la motivation à se dépenser sur les espaces publics.

Les pratiques individuelles ont tendance à mobiliser un plus large panel d’espaces publics, à l’image du joggeur qui court à la fois dans les parcs,  sur les places, et se cantonne moins à un lieu précis. Cela nous amène à nous intéresser aux types de pratiques dans les espaces publics

À Tournefeuille, l’univers de la marche et de la course représente 52% des réponses obtenues. À l’échelle nationale, ce sont aussi les activités les plus prisées puisqu’en 2018, 40% des français.es ont affirmé pratiquer ce type d’activités au cours des 12 derniers mois.

En tout cas, « la promenade est aussi importante que le sport en club » selon une personne interrogée qui travaille dans une structure locale. Pour cela, il y a une nécessité de bien aménager les espaces, comme éviter les « places minérales impraticables l’été », selon cette même personne. Une signalétique communicante et incitative est également nécessaire pour encourager les habitants à se déplacer en mode actif. Quand on connaît le rapport distance-temps entre deux points on peut avoir une toute autre idée de l’effort à engager. 

En outre, à Tournefeuille, le vélo est également très pratiqué avec 30% des réponses. Cela prouve que le réseau piéton/cyclable est de qualité mais qu’il faut être attentif à le sécuriser davantage et à réduire les discontinuités existantes pour inciter de plus en plus de tournefeuillais à y avoir recours pour leurs déplacements.

De manière générale, les tournefeuillais.es semblent bien s’approprier les différents espaces publics qu’offre la ville, d’autant plus que certains sont particulièrement propices à la pratique du jogging, du vélo comme les bords du Touch et la Ramée. On note que des cheminements semblent naturellement se créer dans l’espace public grâce aux pratiques des habitants. Une personne du milieu associatif, a ainsi affirmé que « les gens trouvent les chemins eux-mêmes, sans attendre d’être encadrés », surtout avec le maillage des cheminements doux que certains acteurs jugent satisfaisant, mais qu’il conviendrait sans doute de renforcer si l’on veut encourager davantage ces pratiques.

Hormis la marche, la course à pied et le vélo, les autres pratiques telles que la gym ou les activités émergentes (yoga, Qi-Gong…) semblent très peu représentées dans notre échantillon. Pourtant, Tournefeuille bénéficie d’espaces potentiels pour leur pratique et un acteur municipal nous a affirmé qu’ “au niveau du lac des Pêcheurs, il y a un abri qui sert aux pêcheurs et qui a été un peu détourné de son usage par la Covid puisqu’il y a des associations type stretching, Qi-gong, gaine du dos qui ont utilisé cet espace”.

De nombreux entretiens ont souligné l’importance de  faire connaître et d’encourager ces pratiques émergentes en extérieur, dans les espaces publics de la commune, afin de toucher un plus grand public et de donner envie à des non-pratiquants de franchir le pas. Cela serait en effet très bénéfique notamment pour les séniors, dans la mesure où ces activités peuvent être pratiquées de manière douce et adaptées aux différents âges et conditions physiques. En outre, le climat plutôt clément dont bénéficie la région favoriserait ce type d’activités en extérieur, même si en revanche, les températures caniculaires de l’été peuvent les décourager pendant la période estivale. Raison de plus pour insister encore sur la nécessité de “penser” l’aménagement  des espaces publics en intégrant les changements climatiques, et ce, afin de limiter les îlots de chaleur urbains

En parallèle se pose la question de certaines pratiques jugées « exclues » des espaces publics – comme les qualifient des acteurs associatifs – comme le roller, ou le skate, par manque d’aménagements comme des cheminements lisses et sécurisés. Mieux intégrer le sport, mais aussi les pratiques émergentes dans les espaces publics apparaît donc comme étant un besoin réel à Tournefeuille.

Les déplacements en modes actifs

Il existe une grande variété de situations au cours desquelles les modes actifs sont sollicités. Il peut parfois s’agir d’une activité sportive en tant que telle, mais aussi parfois d’un déplacement banal, quotidien. Selon un acteur associatif, ces déplacements en modes actifs concernent également des enfants qui vont à l’école avec le dispositif “l’école à vélo”. Les publics eux aussi sont variés, collégiens, lycéens, adultes : on retrouve même des jeunes qui se rendent à leur activité sportive à vélo, comme « les jeunes du foot » selon lui. 

En ce qui concerne les pratiques de mobilités des habitant.e.s de la commune, nous pouvons tenter de croiser plusieurs informations.

Parmi les 73,51% de répondants qui effectuent des déplacements en mode actif, la moitié d’entre eux les effectuent au moins une fois par jour. Nous remarquons également que les motifs de ces déplacements sont en grande partie “faire des achats”, “se rendre sur son lieu de travail/d’études” ou encore “accompagner les enfants”, qui sont effectivement des tâches du quotidien.

La qualité des espaces publics à proximité des établissements scolaires, des zones d’activités et des zones commerciales et de services ainsi que leur bonne accessibilité à vélo sont donc des points importants à prendre en compte et ont donc guidé une partie de nos observations de terrain

Nous pouvons supposer que les modes de déplacement utilisés par les tournefeuillais sont liés à la configuration de la ville. 

Par exemple, 31% des répondants affirment utiliser un mode de transport motorisé pour des trajets de moins de 20 min et 72% pour des trajets de plus de 20 minutes. La place de la voiture est donc toujours très importante à Tournefeuille, comme dans de nombreuses autres communes de l’agglomération toulousaine. Mais certains interlocuteurs rappellent l’importance de la voiture dans nos modes de vie, comme cet acteur associatif : « on ne me retirera pas de l’esprit que celles et ceux qui prennent la voiture le font pour une raison, le boulot pas très près, l’école, le stress, tout ça ». À l’inverse, certains aimeraient voir le centre-ville fermé aux voitures comme cet acteur associatif qui propose une fermeture ponctuelle à l’image de certaines villes : “Dimanche prochain, vous venez tous en vélo et la voiture vous vous garez un peu plus tôt et à partir de là le centre est fermé.”

Du côté des modes actifs (marche, course, vélo, skateboard…), nous remarquons clairement le différentiel selon la durée du déplacement

Près de la moitié des trajets de moins de 20 minutes s’effectuent en modes actifs mais au-delà, ce pourcentage tombe à seulement 10%. Un membre d’une association sportive a d’ailleurs affirmé qu’« au-delà de 5 km, les élèves viennent plutôt en bus ».

Le différentiel est moins marqué pour les déplacements en modes doux, qui eux, sont concernés par 24% des réponses pour des trajets de moins de 20 minutes.

Ces constats sont à mettre en relation avec l’importance de la sécurisation du réseau piétonnier puisque pour 38% des réponses, c’est ce qui pousse ces individus à utiliser un mode actif au quotidien. De même pour la continuité cyclable avec 36% des réponses. Réduire les discontinuités au maximum, c’est inciter les tournefeuillais à favoriser les modes actifs plutôt que la voiture, surtout pour les trajets courts. A ce titre, la réflexion doit accorder une place forte aux secteurs de Tournefeuille les plus éloignés du centre ou des centralités communales, comme les secteurs des Ardennes et du Ramelet-Moundi ou encore de Pahin.

De façon générale, tous les acteurs rencontrés s’accordent sur le fait que le vélo est très présent à Tournefeuille ce qui correspond aux observations de terrain que nous avons menées. “Je crois qu’on est la ville de la métropole la plus équipée en pistes cyclables”, confie un professionnel.

De plus en plus de monde se croise sur les pistes cyclables et selon un certain nombre d’acteurs, il y a une demande croissante qui s’explique aussi par  la crise sanitaire. 

Nous l’avons dit, les motifs de déplacement en modes actifs sont divers, pour les déplacements à vélos, ils sont à mettre en relation avec les problématiques de stationnement qui font partie intégrante de l’accessibilité cyclable. Il est donc important de penser les aménagements cyclables selon une logique spatiale. Pourtant, suite à nos observations de terrain, nous nous sommes aperçus que certains espaces pourtant stratégiques ne disposaient pas d’arceaux à vélo ce qui peut constituer un frein à sa pratique. Un constat qui nous a été confirmé par un professionnel  : « je suis obligé de garer mon vélo contre un mur, une vitrine parce qu’à proximité des magasins il n’y a pas [d’arceaux]. La proximité de stationnement vélos avec les espaces récréatifs est aussi un élément qui s’est dégagé des entretiens. Plusieurs squares de la commune ne sont pas dotés d’arceaux vélo et nous observons que certains vélos sont attachés aux arbres, aux barrières… C’est par exemple le cas pour les squares Paul Camy, Georges Braque…Nous reviendrons plus tard sur ces questions lorsque nous analyserons les caractéristiques du cadre urbain de Tournefeuille, mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit là d’un frein important à la pratique du vélo. Une proposition a notamment été citée par un acteur du milieu associatif  : « il faudrait une gare de vélos, pour par exemple faire le parcours santé à vélo ». La question d’installer un système type « vélibs » a aussi été évoquée par deux acteurs, professionnels et du milieu associatif. 

De même, afin de penser le vélo en tant que mode de déplacement, les jalonnements ont toute leur importance selon un représentant d’une structure locale. Cela contribue à faire de cette pratique -qui reste pour certains exclusivement  sportive- une habitude, pour les déplacements quotidiens. 

Du fait des grandes distances, les habitants optent plus souvent pour le vélo, la trottinette que la marche à pied. Néanmoins, cette dernière est très appréciée en tant qu’activité sportive et elle permet notamment de se détendre après une journée de travail. D’ailleurs, la marche est diversifiée : “on peut voir des groupes de marcheurs, de marche nordique, de coureurs, de cross training, mais aussi des gens qui pratiquent en dehors de cet encadrement, en groupe entre amis de façon autonome”, selon un acteur associatif. La marchabilité est une question qui soulève de nombreux enjeux dont celui de la sécurité piétonne. Certains acteurs relèvent une difficulté dans l’organisation des voies, comme ce professionnel : « à Tournefeuille il y a des zones 30 où les piétons sont prioritaires sur les voitures, mais c’est compliqué, en tout cas ça ne fonctionne pas parce que ça n’est pas intégré par les gens et c’est contraire à l’habitude. On n’arrive pas à identifier les règles, c’est trop biscornu ». C’est toute la complexité des mesures prises pour la sécurité des piétons mais qui ne consistent pas à piétonniser totalement. La sensibilisation et la communication autour des nouvelles actions mises en place par la municipalité est donc primordiale pour leur acceptation et leur intégration dans les habitudes.

Enfin, de nouvelles pratiques apparaissent de nos jours, comme le skate. Au-delà de la pratique dans les lieux dédiés, il est important de l’encourager en tant que moyen de mobilité, notamment pour les jeunes, friands de cette pratique dans leurs déplacements. Cela reste compliqué car le skateur est considéré comme piéton et doit rouler sur le trottoir, ce qui engendre évidemment des conflits. Un acteur associatif évoque le skate de la manière suivante : « c’est un sport, c’est un moyen de locomotion, c’est une expression artistique ».

De la même manière, le roller gagnerait à être développé selon certains, par exemple avec un dispositif d’école à roller. En tout état de cause, ces modes de déplacement, que ce soit trottinette, skate, roller, nécessitent des aménagements particuliers. Des aménagements sont aussi nécessaires, comme le confirme un professionnel : « si vous n’avez pas de quoi marcher, rouler, stationner, ou de quoi se reposer en marchant, vous étouffez et vous rentrez chez vous, vous dites : ce n’est pas pour moi, la ville n’est pas faite pour moi ».