Jouer

Le jeu peut-être bénéfique pour la santé.  Ici, on ne parle pas des jeux cognitifs et de sociétés mais bien des jeux locomoteurs qui permettent un mouvement corporel et une dépense d’énergie. 

Si, pendant longtemps, les collectivités ont adopté un urbanisme strictement  fonctionnaliste lorsque la ville n’était qu’un lieu de passage et de circulation, aujourd’hui, la ville est également devenue un lieu que l’on s’approprie, où l’on passe du temps, flâne et se détend. On retrouve de plus en plus d’agrès et de dispositifs de sport à disposition de la population dans les espaces publics, mais pas que. La ville, un lieu de vie, de sensations et de sentiments où se déploient nos mœurs et nos habitudes, évolue et intègre de nouveaux principes pour l’adapter le plus possible à l’image de l’Homme, notamment le principe du ‘’ Jeu ‘’ en ville. Le jeu permet à la ville et à la rue de devenir aimables, animées et vivantes. Par exemple, à Longueuil au Québec, le projet « Ma rue pour jouer » a été mis en place. Ce programme consiste en des aménagements de jeux libres dans différentes rues. Il permet aux usagers de s’évader, de s’amuser et d’exprimer leurs envies.

En plus d’encourager les personnes à la pratique d’une activité physique, le jeu possède une vocation sociale. Il permet la rencontre, l’établissement de nouveaux liens sociaux entre les habitants et le vivre ensemble comme peut très bien le démontrer, par exemple par l’Esplanade Clark de Montréal. Le jeu permet ainsi d’apporter diverses fonctions à un projet urbain.

L’esplanade Clark de Montréal, un lieu de jeu et de mixité sociale 

Source : Alto désigne, Oasis tranquilles

Pendant longtemps, l’enfant a été oublié dans les espaces urbains. En effet, il a été très peu pris en compte dans les opérations de concertation lors de l’élaboration d’un programme d’aménagement urbain. Lorsqu’un organisme établit une étude et une enquête auprès du public, il n’interroge que les adultes. De ce fait, les aménageurs faisaient peu cas des enfants et elle était souvent conçue par un regard d’adulte. Avant que le processus d’urbanisation et le développement de l’automobile s’accentuent, les enfants pouvaient jouer sur les chaussées. Mais, aujourd’hui, le trafic automobile ne leur permet plus de jouer sur les trottoirs pour des raisons de sécurité. Malgré la présence de multiples aires de jeux, celles-ci sont assez standardisées et souvent limitée aux usages d’une seule tranche d’âge. De plus, avec les progrès de la technologie, les jeunes deviennent de moins en moins présents dans les espaces publics et souffrent de l’isolement comme les personnes âgées. En effet, ils passent leur temps libre sur leur ordinateur, face à leurs jeux vidéos ou aux applications. De ce fait, les aménagements favorisant le jeu sont une bonne initiative qui permettent d’inciter la population à bouger davantage, et ils participent aussi à la convivialité de ces espaces. Pour redonner sa place à l’enfant dans la ville, il est important de penser à une ville piétonne où l’enfant peut courir, jouer au ballon et être libre en toute sécurité sans la surveillance de ses parents, en effet comme le note Thierry Paquot, professeur à l’Institut d’urbanisme de Paris  dans un article du Monde Jeux à l’aire libre en 2018 : « rares sont désormais les moments où l’enfant est autonome, sans le contrôle d’un adulte, libre de rêvasser, de bricoler, de ne rien faire ou de préparer une quelconque bêtise ».

Par exemple, l’aire de jeux du square des Moulins à Strasbourg propose des jeux pour enfants entre 3 et 12 ans, des toboggans, jeu de poutres pour l’escalade, trampoline, balançoire, un point d’eau, un espace qui donne aux enfants de tout âge sa place. Ou encore, le parc Chapelle-Charbon à Paris qui présente une diversité de jeux pour enfants entre 1 et 12 ans : mur d’escalade, table de ping-pong, parcours d’aventure, terrain de pétanque ainsi qu’un espace terrasse pour les parents.   

Aujourd’hui, on va au-delà des aires de jeux. Le principe est que les jeux quittent les espaces qui leur sont dédiés et débordent dans la ville : c’est l’espace urbain qui sera conçu pour le jeu. 

 Aire de jeux du square des Moulins à Strasbourg 

Source : tous droits réservés ©ADP

source : © Guillaume bontemps/ville de Paris, site : que faire à paris.fr 

Ces jeux ne concernent pas que les jeunes, ils sont adaptés pour toutes les catégories d’âge. Pour les adultes et les personnes âgées, le jeu permet d’entretenir la musculature et la souplesse. Il existe même certains jeux qui encouragent l’individu à faire une activité sportive ou de la marche. Ainsi, l’office du tourisme de Chambéry a réalisé un itinéraire particulier guidant les touristes en les incitant à suivre des plaques d’éléphants dorées sur le sol en référence à la fontaine des éléphants, symbole de la ville. Ces plaques au sol poussent le touriste à aller au bout du parcours par curiosité et se laisser guider entre les différentes ruelles discrètes et secrètes de la ville. Il parcourt ainsi une plus grande distance.

Des éléphants fixés au sol de la ville de Chambéry comme guide touristique

Certains aménagements, non normalisés et non standardisés, sont souvent ceux que les usagers s’approprient facilement, car ils se sentent  libres de leurs mouvements. C’est le cas des deux plateaux de Daniel Buren sur la cour d’honneur du Palais-Royal à Paris. Cet espace est aménagé par des dispositifs équivoques. Ils proposent une large gamme de jeux et une diversité d’activités de loisirs. Les usagers peuvent utiliser les assises et les podiums pour se reposer mais également le reste de l’espace qui pourrait être considéré comme un parcours d’obstacle à trottinettes, support d’espace ou encore un terrain de foot. Cet espace libre permet aux usagers d’interpréter leurs pratiques. Les jeux d’eau sont également des dispositifs qui permettent un jeu libre dans les espaces publics.

Les Deux Plateaux de Daniel Buren, cour d’honneur du Palais-Royal, un espace qu’on se l’approprie

Les jeux d’eaux au Clos-Toreau de la ville de Nantes

L’espace urbain en jeu de Superkilen en Italie

Nous pouvons également citer le Superkilen Park en Italie qui est un espace libre. Nous trouvons ici des topographies artificielles proposant des terrains de jeux libres et particuliers. Les usagers face à cet espace inspirent et interprètent des pratiques nouvelles.

L’urbanisme tactique joue aussi un rôle important dans la vision d’une ville ludique. Dans les cours de récréation des écoles, nous pouvons trouver différents jeux dessinés au sol. Ceux-ci permettent aux enfants de jouer, de bouger et de faire de l’activité physique, ils peuvent également contribuer au développement cognitif de l’enfant car ils peuvent être instructifs.

Cours de récréation de l’école de Saint-Jean-Soleymieux

Le jeu du foursquare

source :  Une super cour d’école!  publié sur le site de la mairie saint jean soleymieux

source : Et si on mettait les enjeux de la ville en jeu ? Publié dans la gazette, le 01/10/2020

Marelle sur les espaces publics encouragent les bonnes actions 

Il est également possible de voir des jeux dessinés au sol, dans nos rues ou sur les trottoirs. En effet, ces petits designs peuvent parfois pousser l’individu au bout de ses actions. Par exemple, sur la photo ci-dessous, la marelle orientée vers la poubelles encourage la personne à y jeter ses déchets.

Pour lutter contre la sédentarité, un problème majeur de santé publique qui touche de plus en plus de populations, il est nécessaire de penser à des moyens incitant à l’activité physique. Selon L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé « Environ 45% de la population française ne pratique aucun sport ni aucune activité physique ». En réalité, ce n’est pas la présence des clubs sportifs ou d’équipements de sport qui manque mais plutôt la motivation et la détermination. De ce fait, proposer une série de jeux polyvalents, adaptés à toutes les catégories d’âge, encourage l’usager à les exploiter. En effet, machinalement, le jeu favorise une activité physique  car l’individu ne se rend pas compte que celle-ci en est une. De plus, les jeux en groupe favorisent les rencontres, le partage, la mixité ainsi que le vivre ensemble. 

Quelques exemples de réalisations